Conséquences d’un non-appareillage précoce
Perturbation de la communication et isolement social
La perte d'audition entraîne un trouble de la communication.
En suit une diminution de l'attention et de la concentration, ainsi qu'une fatigue accrue. Elle peut également affecter l'humeur, les conduites sociales et le langage. La perte d'audition non prise en charge peut mener jusqu'à une perte d'autonomie de la personne, une dépression et une baisse importante des performances sociales et cognitives.
En effet, si les voies auditives primaires sont atteintes, les voies auditives non primaires le seront aussi (attention, sélection, motivation...).
La mémoire, qui dépend des informations sensorielles et de la concentration, est également souvent affectée puisqu'une information mal perçue ne peut être correctement mémorisée.
Toutes ces conséquences sont aggravées par l'isolement social que la perte d'audition entraîne.
Les troubles cognitifs précoces
De nombreuses études ont montré qu'une perte auditive non corrigée augmentait les risques d'émergence d'une dépression, d'une démence et d'une dépendance. Ce sur-risque est absent chez les sujets appareillés, et la re stimulation auditive est bénéfique sur le fonctionnement neurocognitif
Presbyacousie et déclin cognitif :
Le déclin cognitif est 30 à 40 % plus rapide chez les personnes âgées souffrant de presbyacousie et le risque de démence s’en trouve accru.
La presbyacousie entraîne une diminution de la qualité de vie à l’origine de troubles de l’orientation dans l’espace, reconnaissance tardive des dangers, augmentation du risque de chute. La communication est perçue comme un facteur de frustration avec pour conséquence un retrait social, une augmentation de la dépression et des troubles de la mémoire.
L’augmentation de l’incidence de la démence est due au fait que le cerveau n’est plus capable de compenser les lacunes verbales. Il y a une détérioration de l’intégration centrale de la parole (déprivation auditive), avec pour conséquence une augmentation de l’attention pour réussir à décoder les sons et une diminution de la possibilité d’effectuer d’autres tâches simultanément. La personne utilise plus de ressources dédiées aux fonctions auditives au détriment des autres processus cognitifs comme la mémoire.
- En 2007, une étude parue dans la revue de gériatrie a montré que le risque relatif de développer des troubles cognitifs était 2,48 fois plus élevé chez les patients atteints de presbyacousie, entraînant une gêne sociale (IC95% = 1,54-3,99, p < 0,0001).
(Revue de Gériatrie 2007;32:439-445, La presbyacousie est-elle un facteur de risque de démence ? Etude AcouDem Is presbycusis a risk factor for dementia? AcouDem study Denis POUCHAIN, Carole DUPUY, Mireille SAN JULLIAN, Simone DUMAS, Marie-Françoise VOGEL, Jamila HAMDAOUI, Laurent VERGNON pour le GRAP (Groupe de Recherche Alzheimer Presbyacousie))
- En 2013, de nouveau, une étude a montré que les personnes âgées souffrant de perte auditive ont une accélération du déclin cognitif supérieure de 30 à 40% par rapport aux normoentendants. La relation entre la perte auditive et la perte des capacités cognitives persiste même après prise en compte des autres facteurs de maladies cognitives comme l’hypertension, le diabète et le tabagisme.
JAMA Intern Med. 2013;173(4):293-299 Hearing Loss and Cognitive Decline in Older Adults Frank R. Lin, MD, PhD; Kristine Yaffe, MD; Jin Xia, MS; Qian-Li Xue, PhD; Tamara B. Harris, MD, MS; Elizabeth Purchase-Helzner, PhD; Suzanne Satterfield, MD, DrPH; Hilsa N. Ayonayon, PhD; Luigi Ferrucci, MD, PhD; Eleanor M. Simonsick, PhD; for the Health ABC Study Group
- En 2015, l'étude PAQUID, réalisée sur 3777 sujets, a montré que le déclin cognitif est accéléré chez les malentendants non appareillés (par rapport aux personnes normo-entendantes), et que l'appareillage auditif permet de corriger totalement cette tendance.
Amieva H, Ouvrard C, Giulioli C, Meillon C, Rullier L, Dartigues JF. Self-Reported Hearing Loss, Hearing Aids, and Cognitive Decline in Elderly Adults: A 25-Year Study. Journal of the American Geriatrics Society, 2015
- En 2018, une étude ayant suivi pendant 25 ans des patients a montré que les malentendants non appareillés présentaient un surrisque de 22% de développer une démence, et un surrisque de 33% de dépendance dans les activités basiques. Le risque de dépression était également majoré de 43%.
Death, Depression, Disability and Dementia Associated with Self-Reported Hearing Problems: a 25-Year Study. Amieva H, Ouvrard C, Meillon C, Rullier L, Dartigues JF. J Gerontol A Biol Sci Med Sci. 2018 Jan 3. doi: 10.1093/gerona/glx250/em>
- Une étude réalisée à la Pitié Salpêtrière sur l'implant cochléaire (neuroprothèse placée en cas de surdité très importante), a montré que l'implantation cochléaire permettait aux patients avec une déficience cognitive légère de limiter les risques de progression vers la démence, et même parfois d'améliorer la fonction cognitive.
Il existe aujourd'hui peu de facteurs de vieillissement modifiables ; la nutrition, le sport et la conservation des fonctions sensorielles sont essentielles. L’appareillage auditif est donc un moyen simple de lutter contre le vieillissement.
Conséquences physiologiques d’une perte auditive
« J’entends, mais je ne comprends pas »
La perte d’audition entraîne une diminution de l’intensité et de la qualité des sons perçus. La personne fera alors des confusions phonétiques (entendre par exemple « se »; à la place de « che »), qui dépendent des fréquences perdues et de la répartition fréquentielle de la langue parlée. Cela entraînera donc une difficulté de compréhension de la parole.
Cette difficulté pourra avoir lieu dans le silence et dans le bruit en cas de perte importante, ou uniquement dans le bruit en cas de perte plus légère (masquage des informations utiles par le bruit de fond).
Pour approfondir:
Au niveau psychoacoustique, la perte d’audition entraîne :
- des distorsions d’intensité, en raison d’une élévation du seuil d’audition et d’un abaissement du seuil d’inconfort : on parle de recrutement (croissance anormale de sonie). Pour faire simple, les sons forts seront plus agressifs pour une personne qui a perdu de l’audition.
- des distorsions fréquentielles, en raison d’une dégradation des cellules ciliées. Celles-ci sont essentielles pour une résolution fréquentielle très fine, et leur perte crée un élargissement des filtres auditifs. Cela aura pour conséquence un effet masquant plus important des bruits de l’environnement. Dans certains cas on observe aussi une diplacousie (pour les musiciens, percevoir une note qui n’est pas celle qui est jouée).
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